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            IL VA FALLOIR CHOISIR 
           
            
          Il va falloir choisir 
             
Entre spectateur et citoyen 
Entre consommateur et décideur 
Entre mondialisation et mondialité 
Entre Charybde et Scylla 
Entre le Président Chinois et le Dalaï Lama 
Entre démocratisation et démocratie 
Entre poire et fromage 
Entre économique et économie 
Entre intermittence et permanence 
Entre spectacle de rue et spectacle dans la rue 
Entresort et entrebaille 
Entre la vie et la survie 
Entre hobby et lobby 
Entre le bœuf et l’âne gris 
Entre la gauche de droite et la droite de gauche 
Entre passivité et résistance 
Entre Eros et Thanatos 
Entre l’écorce et l’arbre 
Entre chien et loup 
Entre d’où on vient et où on va. 
 
Il faut choisir. 
 
 
 
SPECTATEUR OU CITOYEN 
 
Le théâtre grec est à l’origine de notre théâtre. Oui, mais quel  théâtre Grec ? : celui de la poétique d’Aristote, ou celui des grandes  Dionysies ? N’avons-nous pas gardé uniquement la forme littéraire et  codifiée de la tragédie grecque, au détriment du rituel qui rassemblait  et unifiait la cité ? C’est la thèse de Florence Dupont, dans «  Aristote ou le vampire du théâtre occidental » (Ed. Aubier), thèse  décapante et formidablement éclairante sur une possible évolution de  notre théâtre, tellement compassé, figé dans sa forme, où, dit-elle,  l’ennui poli apparaît trop souvent. 
           Au travers du théâtre, c’est toute la question de la société et de la  démocratie qui se pose. C’est le statut du citoyen : est-il considéré  comme tel, comme un être responsable et agissant, ou comme un simple  spectateur qui assiste au mieux, subit plutôt, la tragédie ou la farce  politiques qui se déroule devant les yeux. Le citoyen est muet,  infantilisé, et l’on voudrait lui faire croire qu’un bulletin de vote  tous les cinq ans va lui permettre d’infléchir une politique qui lui  échappe totalement. 
           Il en  va de la politique comme de la culture : une véritable démocratie  transformera des spectateurs en citoyens, et le spectacle en rituel  profane, en fête, en célébration collective. Cela passe par une volonté  réelle d’organiser les lieux et les temps de la réflexion, de l’échange  et de l’éducation, de la culture civique et du débat politique.  
           Il est nécessaire de démocratiser la démocratie, la politique et la  culture. Voilà l’Utopie, délicate à réaliser, entre le diktat des  professionnels de la politique et de la culture, et la dérive possible  vers le populisme.  
           C’est  par une forte participation du citoyen que cette utopie pourra se  réaliser, en ouvrant des chantiers de réflexion et d’action dans les  deux domaines, de la politique et de la culture.  
           Pendant longtemps on a raisonné, pour le secteur politique, en terme de « service public ». 
            Après l’ère Jeanne Laurent et André Malraux, nous devons aborder une  ère de démocratie culturelle où le citoyen ne sera plus un assisté,  tributaire du « service public », mais un « actant » de la vie  culturelle. 
           Pour réaliser cette évolution et ce projet ambitieux, le théâtre de rue  peut jouer un rôle d’éclaireur, d’ouvreur de piste. Nous y oeuvrons  avec la création du Festival de Colportage d’Epinal il y a 25 ans,  l’apparition des Padox en 92, et je vais modestement essayer de  contribuer à son développement au sein du Conseil d’administration de  la SACD. Les arts de la rue se situent dans l’interaction, la  confrontation avec le public le plus large, avec inventivité et  générosité. Il ne doit pas se limiter aux seuls festivals, tellement  nécessaires pour faire émerger les spectacles et les Compagnies, mais  parfois transformés en faire-valoir de municipalités en quête de  reconnaissance populaire. Il a besoin de se développer dans des actions  de terrain, dans un frottement permanent avec le spectateur qui n’est  plus considéré comme un consommateur, mais comme un citoyen responsable  et partenaire.  
           Amicalement 
          Dominique Houdart  | 
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